Mythologie de la Chimère

La Chimère

Elle est éternelle et invulnérable

Aucun mortel ne l’a jamais approchée, ni même jamais vue : tout au plus certains, plus chanceux que d’autres, l’ont entraperçue au détour d’un chemin sauvage. Ils ne sont alors plus jamais les mêmes, transformés par leur rencontre avec la créature.

Un jour vint le temps où la Chimère elle-même plongea dans la torpeur. La trois centième lune approchait : après une forte activité sur le monde de Daifen, la créature s’endormit profondément. Plus personne n’en entendit parler pendant des centaines de lunes.

Ne croyez pas cependant, qu’elle était morte ou qu’elle avait disparue. Non ! La Chimère est éternelle et invulnérable.

Elle s’était assoupie, tout simplement. Profondément endormie, elle ne baignait plus les continents de son rugissement conquérant. Ses apparitions se firent plus rares, les mortels n’ayant plus aucune opportunité de la rencontrer. Mais certains la rencontraient encore, cependant : en effet, même au plus profond de son sommeil, la Chimère rêvait ! Sa puissance et sa conscience s’étaient scindées en plusieurs avatars qui parcouraient librement le monde par le biais du rêve des mortels :

L’avatar Lion visitait les songes des personnes courageuses et dominatrices celles marquées du sceau de la puissance et du charisme, nanties d’une volonté inébranlable.

L’avatar Chèvre préférait hanter les rêves des penseurs, avides de nourriture spirituelle, ainsi que ceux dotés de sagesse, de diplomatie, ou ayant voué leur vie à la grâce.

Quant à l’avatar Serpent, il s’insinuait dans les songes des instinctifs, des discrets, de ceux qui suivent leurs pulsions et de ceux pour qui filouterie et ruse sont des modes de vie.

Certains des rêveurs visités ne surent jamais ce qu’ils avaient rencontré dans leur sommeil, au détour d’un rêve sans doute trop étrange. D’autres s’en aperçurent, conscients d’avoir reçu quelque chose de la part de la créature mythologique : une parcelle d’elle-même, un fragment de sa conscience et de sa puissance. Ainsi étaient-ils transformés par le contact onirique de la Chimère.

Alors ces personnes choisirent de prendre la route, en quête de leurs semblables, ceux qui, comme eux, ont été investis d’une portion de la créature mythologique. Peut-être ce choix est-il le leur : ne sont-ils pas suzerains et seigneurs de Daifen ? Mais peut-être n’est-il qu’un reflet des souhaits de la Chimère elle-même : lorsque toutes ces parcelles seront rassemblées, la Chimère s’éveillera à nouveau et poussera sur le monde de Daifen son long rugissement.


Mythologie

La Chimère, animal fabuleux qui crache des flammes et dont le nom signifie "chèvre", est un des nombreux monstres hybrides de la mythologie grecque. Son aspect peut varier mais elle se présente le plus souvent comme un lion sur l'échine duquel se dresse une tête de chèvre et dont la queue se termine par un serpent. En outre, sa peau est indestructible et elle crache des flammes.

Elle est la fille d'un couple des premiers temps de l'univers, les terrifiants Typhon et Echidna, également parents de trois autres hybrides : le chien à deux têtes Orthos, Cerbère et l'Hydre de Lerne.

Elevée à Patéra, en Asie Mineure, par le roi de Carie Amisodarès, la Chimère ravageait les régions voisines et dévorait les troupeaux.
Elle intervient principalement dans la légende de Bellérophon qui suscita la jalousie du roi d'Argos, Proetos, en tombant amoureux de son épouse. Le roi décida de se débarrasser de lui en l'envoyant à son beau-père Iobate, roi de Lycie, muni d'un message qui demandait la mise à mort du messager. Cependant Iobate craignit d'encourir la colère de Zeus s'il accédait à une requête qui rompait le lien traditionnel et sacré unissant un hôte et son invité. Au lieu de tuer Bellérophon, il se contenta donc d'exposer sa vie en lui demandant de tuer la Chimère.
Le premier assaut de Bellérophon, monté sur le cheval ailé Pégase, fut un échec ; en effet, son épée ne parvient pas à entailler la peau de la bête qui est invulnérable. Il parvint à se débarrasser de la Chimère grâce à une ruse : il mit du plomb au bout de sa lance. Lorsque Chimère, pour se défendre, comme tout dragon qui se respecte, cracha des flammes, Bellérophon pointa vers elle sa lance : le plomb fondit aussitôt et tomba, brûlant, dans la gorge de Chimère, qui en mourut (non sans avoir été auparavant criblée de flèches).


Interprétations

Selon le Plutarque, la Chimère n'était pas un monstre mais un capitaine pirate, nommé Chimarros, qui aurait causé de nombreux dommages au Lyciens. Son bateau était orné d'un lion à la proue et d'un dragon à la poupe, tandis que sur sa voile était représentée une chèvre. Bellérophon l'aurait pris en chasse avec son propre navire, le Pégase, et l'aurait tué.
Elle serait apparentée à la Kimeros des Sumériens, créature composite (encore visible sur les bas-reliefs babyloniens) symbolisant l'union des quatres éléments alchimiques clés de la métallurgie. Le mot « sirène » en est peut-être une des multiples déclinaisons, tout comme le verbe japonais shimeru signifiant « réunir » ou le néologisme anglais shemale pour qualifier des êtres androgynes.


Significations

Le mot -chimère- vient du grec KHIMAIRA qui signifie "chimère". C'est un monstre à tête de lion, au corps de chèvre et à la queue de dragon. Son nom grec se rattache à une racine désignant le froid, l'hiver (en grec "Kheimmôn", et en latin "hiems").
Dans la mythologie grecque, Chimère est un monstre à l'aspect composite anthropozoomorphe;
En héraldique, la chimère est une figure imaginaire ;
En zoologie, la chimère est un poisson des abysses ;
En génétique, on peut rencontrer des organismes qui possèdent deux génotypes distincts. Cette anomalie est extrêmement rare chez l'être humain mais pas totalement impossible.
En botanique, des organismes greffés, composés de tissus de génotypes différents sont aussi appelés chimères.

Le mot chimère est passé dans le langage courant pour désigner une idée extravagante, un pur produit de l'imagination, avec une connotation négative.


Symbolisme

Fruit d’une imagination incontrôlée et pervertie issue de l’inconscient, la Chimère représente les frustrations exaspérées qu’il faut pourchasser et combattre jusqu’au plus profond de soi-même.
Selon l’interprétation de Paul Diel (auteur de "Le Symbolisme dans la mythologie grecque", 1952) :
- La queue de serpent correspond à la perversion spirituelle de la vanité,
- Le corps de chèvre correrspond à une sexualité vicieuse et capricieuse,
- La tête de lion correspond à une tendance dominatrice perturbant toute relation sociale.

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